Quelques centaines de réservistes ont assisté ce samedi 14 novembre au symposium organisé à l’École Royale Militaire de Bruxelles sur « La Réserve, aujourd’hui et demain ». La soirée a commencé par une minute de silence en mémoire des victimes des attentats de Paris, perpétrés 24 heures plus tôt.
Le ministre de la Défense Steven Vandeput était excusé : sa présence était requise pour le conseil gouvernemental d’urgence tenu dans la foulée des attentats de Paris. Dans sa déclaration, il fit surtout référence à l’importance que gardait une réserve militaire, essentiellement à une époque de restrictions budgétaires et de restructurations. Les réservistes peuvent, par exemple, jouer un rôle en matière de cyberdéfense ou de tâches de surveillance sur le sol national.
Les invités ont ensuite présenté la situation des réservistes de quatre nations de l’OTAN. Selon le colonel Rudy Theys, patron de la Direction Nationale de la Réserve : « Celle-ci a de l’avenir, mais uniquement en fonction des besoins de la Défense. » En Belgique, le rôle de la réserve n’a cessé de se réduire depuis la suspension du service militaire, voici plus de 20 ans. Pourtant, un besoin de collaborateurs intérimaires présentant des compétences trop rares sur le marché du travail, comme par exemple des médecins urgentistes pour les opérations à l’étranger, demeure nécessaire lors des pics d’activité.
Il y a un mois encore, le général-major de réserve Ranald Munro était l’adjoint du Commandant en chef des forces armées britanniques. Il a contribué à donner forme au programme Army 2020, par lequel la Grande-Bretagne restructure sa force terrestre en comptant doubler d’ici cinq ans l’apport de sa réserve. Sur une armée de 82 000 militaires de carrière vient se greffer un corps de 30 000 réservistes entraînés, surtout dans des spécialisations d’information-opérations et de cyberdéfense. Comme il l’a si bien résumé : This is no hobby, this is real!
Le capitaine de vaisseau réserviste français Frédéric Bouffard, travaille pour Total, le groupe énergétique actif aux quatre coins de la planète. Il coordonne l’action de nombreux collègues réservistes dans son entreprise et est membre suppléant au Conseil Supérieur de la Réserve Militaire (CSRM). D’ici la fin de la décennie, la France reconsidèrera aussi l’importance de la réserve. D’ici 2019, la réserve opérationnelle sera constituée de 40 000 hommes et femmes, soit deux fois plus qu’à l’heure actuelle ! Un millier de réservistes pourront ainsi être engagés quotidiennement afin de protéger le territoire national.
Aux Pays-Bas, le colonel de réserve Dick Scherjon est conseiller au comité de gestion de la Rabobank. En sa qualité de patron du nouveau Bureau Réservistes et Société (BreS), il veut renforcer la collaboration entre les entreprises et les instances militaires. À l’instar des premières, les secondes doivent privilégier des emplois plus souples. L’objectif consiste à atteindre 30 000 réservistes d’ici 2020, entre autres pour pallier les carences en militaires d’active.
En clôture du symposium, le lieutenant-colonel belge de réserve Philippe Légat a présenté les résultats du groupe de travail URNOR-URNSOR sur l’avenir de la réserve. D’ici 2030, ce groupe de travail espère que la Défense puisse compter sur 6 000 réservistes disponibles répartis dans quatre catégories : réserve spécialisée, d’appui, territoriale et civile. Esquissé grossièrement, l’objectif de cette réserve étendue serait de « faire plus d’armée pour moins d’argent. »
Texte: Johan De Rijck – photos: Christian Decloedt